Toujours courageux jusqu’au bout lorsqu’il s’agit de justifier ses actes, il s’est ensuite rétracté lorsque l’opinion publique a eu connaissance d’une décision qui devait manifestement rester discrète.
Aujourd’hui, on apprend que la Commission européenne,face à l’opposition unanime des Français à cette hérésie gastronomique , repousse la date de la décision finale sur ce dossier, qui devait intervenir fin avril, au 19 juin ! Une « divine surprise » pour le ministre-candidat qui n’aura pas, ainsi, à répondre de décisions qu’il aura prises sans devoir les assumer face aux électeurs. Pourtant, n’est-ce pas le même Michel Barnier qui, en 2002 déjà, exhortait les gouvernants et les hommes politiques français en campagne électorale à se refuser à toute duplicité entre leurs discours à Paris et leurs actes à Bruxelles ?
« "Est-il utile de tromper le peuple ?" La question posée sans ambages par Frédéric II à Condorcet résonne comme un écho d’Ancien Régime, d’un siècle de despotisme plus ou moins éclairé, bien loin des exigences de transparence, de dialogue et de divulgation qui sont devenues les maîtres mots de notre vie publique. Et pourtant, à l’heure où candidates et candidats à la présidence de la République préparent calicots, arguments et ripostes, il est une sorte de secret dans le débat politique français. Un secret qu’hier ministre des Affaires européennes, aujourd’hui commissaire européen, il me semble d’intérêt général de livrer aux citoyens pour aider leur jugement. Ce grand secret, c’est d’abord et avant tout que la plupart des décisions que les candidats vont s’engager à prendre avec la confiance du peuple ne relèvent plus d’eux seuls. […] Pourquoi ce grand silence des femmes et des hommes politiques français, lorsqu’ils rentrent de Bruxelles ou de Strasbourg, sur ce qui y a été décidé et sur ce qu’ils y ont dit ? Pourquoi nous faudrait-il, à toutes forces et contre toute évidence, faire « comme si » la France décidait seule de tout, comme si reconnaître qu’elle a choisi de partager sa souveraineté serait pour elle abdiquer toute ambition ? » Michel Barnier, Le grand secret, Libération, édition du 12 février 2002.
Mais, bien sûr, à cette époque l’auteur de ces lignes pleines de vertu s’exprimait dans le confort feutré des offices bruxellois, où il était Commissaire européen (1999 – 2004) chargé des affaire institutionnelles…
Revenu dans la peau d’un ministre-candidat aux élections européennes, il semble bien que Michel Barnier ne veuille pas s’appliquer ces préceptes de bonne conduite par lui-même édictés à l’adresse de la classe politique française de l’époque. Mais, c’est bien connu, les leçons de morale, c’est bon pour les autres !
Le ministre-candidat doit s’expliquer et les Français se garder d’avoir la mémoire trop courte !
Demandons à Michel Barnier des explications !